Parcours
Danseuse et chorégraphe, Madeleine Fournier s’est formée à la danse au CNR de Paris et au CNDC d’Angers. Elle a collaboré avec de nombreux chorégraphes et artistes visuels dont Odile Duboc, Emmanuelle Huynh, Fabrice Lambert, Sara Manente, Boris Achour, Fanny de Chaillé et Philippe Ramette, Loïc Touzé, Jocelyn Cottencin, Rémy Héritier, David Marques, Léa Drouet, Andrea Baglione, Yasmine Hugonnet.
Entre 2008 et 2016 elle a collaboré avec Jonas Chéreau avec qui elle a créé une série de pièces : Les interprètes ne sont pas à la hauteur (2011), Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme) (2013), Sous-titre (2015)et Partout (2016). Ils sont aussi à l’origine d’un film 306 Manon réalisé par Tamara Seilman.
En 2017 elle fonde sa compagnie ODETTA et en 2018 elle crée le solo Labourer en collaboration étroite avec le musicien Clément Vercelletto, présenté en France, en Belgique, en Suisse et en Autriche. Elle a créé cette même année une forme à la fois chantée et dansée en collaboration avec Catherine Hershey intitulée Zwei Palmitos qui se joue dans des contextes plutôt alternatifs. En 2019 elle créé Ce Jardin dans le cadre du programme Vive le Sujet! de la SACD au Festival d’Avignon, conçu et interprété en collaboration avec Ina Mihalache, connue pour sa chaine Youtube Solangeteparle. En 2021, elle créé La Chaleur, une sorte d’opéra expérimental pour cinq interprètes à partir de chants choraux de Henry Purcell. Elle réalise parallèlement à cette pièce un film en collaboration avec Andrea Baglione Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas à partir du dispositif de la camera obscura.
En 2023 elle créé la pièce Branle pour 6 danseur.euses et 2 musicien.nes présentée au Festival d’Automne à Paris. En 2024, elle participe à la création collective menée par Frédérique Aït-Touati, le Bal de la Terre, qui sera présentée en au Théâtre Nationale de Chaillot et elle créera une version extérieure de sa pièce La Chaleur dans le cadre du programme Nomades du réseaux Nos Lieux Communs.
Parallèlement, elle enseigne régulièrement auprès de différents publics (Beaux-arts, école nationale supérieure du paysage, conservatoires, collèges, université, master SPEAP sciences Po…) Elle est également correspondante danse à la Métive, lieu international de résidence de création artistique situé dans la Creuse.
Son travail se développe en lien étroit avec la musique expérimentale, le chant, la danse, la performance et le végétal ce qui l’invite à collaborer avec des artistes de différentes disciplines (musicien.nes, chanteur.euses, danseur.euse, paysagistes, artistes visuels…). Elle aime observer comment le contexte : le jardin, le théâtre, la salle de concert, la galerie, le cinéma, et les codes qui y sont associés agissent et font résonner autrement la forme performative.
Madeleine Fournier was born in 1987 in Paris (France) where she currently lives. She trained in contemporary dance at the Conservatoire Régional de Paris (CNR) and the CNDC d’Angers (Centre National de Danse Contemporaine).
Since 2007 she has been working as a dancer/performer with choreographers and visual artists such as Odile Duboc, Emmanuelle Huynh, Fabrice Lambert, Sara Manente, Fanny de Chaillé and Philippe Ramette, Boris Achour, Jocelyn Cottencin, Loïc Touzé, Léa Drouet, David Marques and Andrea Baglione.
Between 2008 and 2016, she collaborated with dancer and choreographer Jonas Chéreau. Together, they created Les interprètes ne sont pas à la hauteur (2011), Sexe symbole (to deepen the meaning of the term) (2013), 306 Manon (2013) a movie directed by Tamara Seilman, Sous-titre (2015) and Partout (2016).
In 2017, she founded her own association O D E T T A and in 2018 she created the solo piece Labourer. That same year, she created a concert/performance together with the singer and performer Catherine Hershey Catherine und Madeleine: Zweai Palmitos
In 2019, she created Ce Jardin in the frame of the SACD’s program Vive le Sujet! in Festival d’Avignon, in collaboration with Ina Mihalache known for her Youtube channel Solangeteparle.
In 2021, she created La Chaleur, an experimental musical comedy for five performers based on chorus works of baroc composer Henry Purcell. In relation to this piece, she directed a film Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas together with the visual artist Andrea Baglione.
Her work takes place in close connection with experimental music, singing, dancing, performance, the vegetal, often collaborating with artists from different fields. She likes to observe how context affects our perception of a representation: garden, theater, concert venue, art gallery, cinema etc…
Photographie Tamara Seilman
Festival d’automne : Madeleine Fournier, la danse reliée au monde
Par Rosita Boisseau pour Le Monde publié le 16 novembre 2023
La danseuse et chorégraphe présente son nouvel opus, « Branle », pour huit interprètes, qui s’enracine dans la traditionnelle bourrée à deux temps.
« Labourer » : il y avait longtemps que l’on n’avait pas entendu ce verbe, lorsque Madeleine Fournier a choisi d’en faire le titre de son premier solo, créé en 2018. Et il a suffi d’un mot pour que nous sautions à pieds joints dans le champ de cette jeune chorégraphe et battions la campagne avec elle autour de toutes les significations de ce terme agricole.
Avec cette pièce bondissante centrée sur le pas de bourrée, figure de la danse traditionnelle et classique, Madeleine Fournier imposait sa silhouette malicieusement instable, sautant d’un pied sur l’autre, claquant des semelles en faisant virevolter ses gants aussi rouges que ses joues et son gloss. « Le rouge est une couleur qui peut avoir plusieurs significations et évoquer notamment le sang, confie-t-elle. Par ailleurs, enfant, je rougissais facilement, et me peindre en rouge permet de dissimuler et de révéler en même temps ce surgissement de l’intimité lié à l’émotion, au désir, à la honte ou à l’effort physique. »
Madeleine Fournier parle simple et franc. D’elle, du corps, du féminin… La page d’ouverture de son site Internet met en avant une sculpture grecque Baubo, les jambes écartées, une main sur son sexe. « C’est une figure de la mythologie liée aux mystères d’Eleusis et à Déméter, qui associe la vérité, le rire et la joie en montrant son sexe, précise-t-elle. J’aime ce qui peut évoquer plusieurs choses en même temps. » Comme dans Labourer, où elle explore d’un revers de talon différents états physiques autour de la question des cycles, ceux des plantes, des animaux, des humains…
« Laisser monter les gestes »
Ce labourage extra-large, pour lequel Madeleine Fournier s’est initiée à la bourrée traditionnelle à trois temps, dans le cadre de l’association Les Brayauds, basée à Saint-Bonnet-près-Riom (Puy-de-Dôme), a donné l’élan à Branle, son nouvel opus, pour huit interprètes, qui s’enracine dans la bourrée à deux temps. « Elle se compose d’une double ligne de danseurs qui se font face et se rapprochent et s’éloignent, décrit-elle. Pas de contact physique entre eux, car il n’y a pas de mouvements de bras, mais beaucoup des jambes. » Elle a travaillé, ainsi que les interprètes, avec Solange Panis, experte en danses et chants traditionnels berrichons.
Avec le bal, son cercle, son excitation et son désir d’ivresse en bandoulière, elle ajoute : « Il s’agira moins d’inventer de nouveaux mouvements que de laisser monter les gestes et les affects de notre inconscient collectif, ou, comme le dit Carl Gustav Jung, “le dépôt constitué par toute l’expérience ancestrale depuis des millions d’années”. » Quant à la présence de deux musiciens en direct sur le plateau, elle souligne combien cette exploration a été « libératrice ». « Pendant mes études au Conservatoire de Paris, j’ai appris à dissocier danse et musique, commente-t-elle. C’est passionnant, mais je suis heureuse d’avoir retrouvé ce moteur musical et son pouvoir fusionnel et émotionnel. »
La trajectoire de Madeleine Fournier prend appui sur des apprentissages solides. Après le Conservatoire national de musique et de danse à Paris, elle enchaîne avec le Centre national de danse contemporaine d’Angers. Elle collabore dans la foulée avec différents chorégraphes, dont Odile Duboc (1941-2010) et Loïc Touzé. De la première, à laquelle « elle pense énormément »,elle conserve « le travail sur la poésie de la matière, l’eau, le feu, et le fait qu’en restant des corps humains on peut s’apparenter à d’autres éléments, dont les plantes ». Du second, avec lequel elle continue de dialoguer, elle évoque la manière « dont il permet à chacun de développer l’imaginaire de sa propre danse ». En duo avec Jonas Chéreau pendant huit ans, de 2008 à 2016, Madeleine Fournier fourbit ses outils de création basés sur l’expérience. Elle fonde ensuite sa compagnie, qu’elle baptise Odetta. « C’est un nom de femme, une sorte d’alter ego, quelque chose entre la vendetta et l’Odette du Lac des cygnes », glisse-t-elle.
Collaborations multiples
Depuis son « lieu-source, la Creuse », où elle a passé toutes ses vacances depuis l’âge de 6 ans et où elle continue de séjourner, Madeleine Fournier déplie, comme nombre de jeunes artistes de sa génération, une pensée écologique. Avec le corps en vase communicant relié au monde extérieur, qu’il soit végétal ou minéral, elle conçoit La Chaleur (2021), autour du souffle de la voix « qui se mélange dans l’air et nous relie à l’invisible ». Elle cite parmi ses ouvrages de référence La Vie des plantes, d’Emanuele Coccia (Rivages, 2016), et s’interroge sur la façon dont « sans cesse nous traversons et sommes traversés par le corps des autres ».
Elle y répond en multipliant les rencontres. En 2019, dans le cadre de Vive le sujet !, au Festival d’Avignon,elle a créé avec Ina Mihalache, autrice des vidéos « SolangeTeParle » sur YouTube, le duo Ce jardin, sur le thème de « la sororité et la lutte pour y arriver dans une société patriarcale qui met les femmes en compétition ». Elle a réalisé, à la demande du groupe Arlt, composé d’Eloïse Decazes et Florian Caschera, la chorégraphie du clip de leur titre Les Fleurs (2020), où elle arbore cette fois des gants verts.
Et, comme elle aime changer d’air et d’espace, jouer en salle et dans les jardins, elle a imaginé un duo dansé-chanté intitulé Zwei palmitos, avec Catherine Hershey, qui se balade depuis 2018 dans tous les endroits qui veulent bien l’accueillir, du club de jazz à la galerie d’art. Avec, quelles que soient les collaborations, la quête de l’origine du geste et du désir de danser, qu’elle situe dans l’enfance. « Je me souviens que j’étais une enfant qui bougeait beaucoup, tournait et sautait partout, raconte-t-elle. C’est ce vertige, ce plaisir, cette façon de se donner des sensations en expérimentant le mouvement que je tente de retrouver. »
MADELEINE FOURNIER « L’EXPÉRIENCE, C’EST POUR MOI LE LIEU DU SENTIR »
Entretien réalisé par François Maurisse pour maculture.fr
Publié le 8 août 2017
Pause estivale pour certains, tournée des festivals pour d’autres, l’été est souvent l’occasion de prendre du recul, de faire le bilan de la saison passée, mais également d’organiser celle à venir. Ce temps de latence, nous avons décidé de le mettre à profit en publiant tout l’été une série de portraits d’artistes. Figure établie ou émergente du spectacle vivant, chacune de ces personnalités s’est prêtée au jeu des questions réponses. Ici la danseuse et chorégraphe Madeleine Fournier.
Au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers, où elle est en formation sous la direction d’Emmanuelle Huyhn, Madeleine Fournier rencontre Jonas Chéreau. Ensemble, ils ont signé, depuis 2011 une série de pièces conjuguant une certaine radicalité avec un humour décalé, se plaçant toujours dans une position de recherche et s’intéressant aux sources mêmes du mouvement. Parallèlement, elle est interprètes pour de nombreux chorégraphes : Odile Duboc, Loïc Touzé, Fabrice Lambert, Emmanuelle Huyh, ou encore Jocelyn Cottencin. À l’automne 2018, elle créera au CDC Atelier de Paris – Carolyn Carlson son premier solo, Labourer.
Quel est votre premier souvenir de danse ?
Je crois que mon premier souvenir de danse se mélange avec un rêve. C’était pendant un cours de danse, je devais avoir environ quatre ans, pieds nus, au centre de la salle, je me souviens monter lentement sur mes demi-pointes. Arrivée sur demi-pointes, je pousse un peu plus loin et me retrouve en suspension sur la pointe de mes orteils. J’étais surprise de cet exploit, c’est pourquoi aujourd’hui encore je me demande si ce n’était pas un rêve. Je me souviens d’avoir senti quelque chose d’un peu subversif comme si j’avais franchi une limite et découvert un endroit de risque et de plaisir avec mon corps.
Quels sont les spectacles qui vous ont le plus marquée en tant que spectatrice ?
Enfant, j’ai fortement été marquée par les spectacles de Philippe Decouflé car ce sont les premiers que j’ai vu. Mon père réalisait de temps en temps des films expérimentaux pour ses spectacles. C’est cela qui m’a donné envie de faire de la danse et plus largement d’appartenir au monde du spectacle, de la création, j’étais complètement fascinée. Ces spectacles ont fait naître un désir très fort de danser, j’utilisais beaucoup la musique des spectacles comme Decodex (1995) ou Shazam! (1998) pour créer des chorégraphies au conservatoire. Je crois que ces spectacles m’ont donné le goût des formes en mouvement, du corps en mouvement et du rapport entre la danse et la musique.
Quels sont vos souvenirs les plus intenses en tant qu’interprète ?
Mes souvenirs les plus intenses en tant qu’interprète sont lorsque j’ai dansé mes propres pièces. Par exemple lorsque nous avons créé Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme) avec Jonas Chéreau en 2013, nous avions beaucoup et longtemps répété seuls et n’avions aucune idée de comment le public allait réagir à cette proposition. La réception a été superbe pour moi, exactement comme je pouvais l’espérer, c’est-à-dire que notre langage, notre humour dans son étrangeté avait été compris. C’est la première fois que je me suis sentie autant à ma place, à même d’exprimer des choses à la fois avec conviction et légèreté. Si cette liberté et ce plaisir sont si spécifiques c’est parce que nous avons entièrement conçu ce projet nous-même et qu’il a pu se partager ensuite avec d’autres.
Quelle rencontre ou collaboration artistique a été la plus importante dans votre parcours ?
Mon parcours a fortement été marqué par ma formation au CNDC d’Angers entre 2005 et 2007. J’y ai rencontré un réseau d’artistes qui est devenu ma famille artistique. Je dirai que la rencontre avec Odile Duboc avec laquelle j’ai collaboré sur plusieurs projets pour des reprises de rôle dans Rien ne laisse présager de l’état de l’eau et Trois Boléros ainsi que pour le remontage de Insurrection a été fondamentale. Ma rencontre avec Loïc Touzé aussi a été très importante et continue de me nourrir beaucoup. Nous nous sommes rencontrés au CNDC en 2005 et aujourd’hui nous en sommes à notre troisième pièce ensemble (Ô Montagne!, Fanfare, Forme simple). Ces deux rencontres ont construit et orienté ma sensibilité en tant qu’interprète. Ce sont deux personnes qui sont à la fois des chorégraphes et de grands pédagogues. Le travail avec ces artistes n’a pas seulement consisté à créer des pièces mais à développer des pratiques, des techniques, des imaginaires, de la philosophie, de la poésie à une échelle bien plus large. Ce sont des artistes qui construisent des mondes pour eux et pour les autres. Leurs matières sont des outils partageables et cela est très précieux !
Ma rencontre avec Jonas Chéreau au CNDC a aussi été fondamentale. Pendant 10 ans nous avons réfléchi, nous nous sommes questionnés et nous avons construit des projets ensemble Les interprètes ne sont pas à la hauteur, Sexe symbole (pour approfondir le sens du terme),Sous-titre et Partout. Ces pièces ont été créées parallèlement à nos activités respectives d’interprète, de spectateur.trice, de jeunes artistes et sont issues de tous ces questionnements et de notre grande amitié.
Quelles œuvres théâtrales ou chorégraphiques composent votre panthéon personnel ?
La pièce qui est une référence majeure pour moi est Umwelt (2004) de Maguy Marin. Je l’ai vue plusieurs fois et je pourrai la revoir encore ! Je trouve le dispositif très puissant : la cadence des gestes et des corps, l’installation de guitares, la scénographie, le son. Cette pièce est une machine imperturbable qui nous fait regarder le monde tel qu’il est, de manière lucide, sans filtre mais avec aussi beaucoup de sensibilité. Le travail de Maguy Marin en général est une référence pour moi j’ai aussi été fortement marquée par May B (1981) et Ha Ha ! (2006). Dans les grands classiques j’ai revu récemment Le sacre du printemps (1975) de Pina Bausch. Je trouve que la force se tient dans la composition chorégraphique qui arrive à faire acte de la violence des rapports sociaux et notamment entre hommes et femmes. Sans mot ni narration, cette oeuvre en dit beaucoup.
J’ai eu l’impression de découvrir le théâtre avec les pièces de Gwenaël Morin et dans un autre genre avec Claude Régy, sa dernière pièce Rêve et Folie (2016) m’a subjuguée. J’admire le travail du corps et du texte comme une même matière, le texte vient se déposer sur le corps et vice versa. Souvent au théâtre je n’arrive pas à entendre le texte car il me semble coupé du corps. Je trouve le travail de Régy exemplaire par rapport à ça.
J’aime les Grand Magasin que je trouve absurdes, drôles et intelligents, une grande source d’inspiration ! Et je pourrai également citer le travail de Marlène Monteiro Freitas, notamment son solo Guintche (2010). Dernièrement j’ai vu Saga (2015) de Jonathan Capdevielle que j’ai trouvé sublime dans le rapport entre le corps et la voix, l’humour, la fiction dans laquelle il nous emmène. J’ai également beaucoup aimé Suite n°2 (2015) de Joris Lacoste, magistral au niveau dramaturgique et musical.
À vos yeux, quels sont les enjeux de la danse aujourd’hui ?
De mon point de vue, l’enjeu de la danse est de produire des expériences qui concernent à la fois ceux qui font la danse et ceux qui la regardent. L’expérience, c’est pour moi le lieu du sentir. C’est l’endroit où mon attention devient curiosité, où je découvre quelque chose, même une chose connue. Aller voir de la danse c’est regarder à deux fois, c’est regarder des corps, nos propres corps en étant pris ensemble dans l’expérience de quelque chose en train de se passer. Je pense que la danse peut nous aider à sentir plus. Quand je vais voir de la danse, du théâtre, de la performance, j’aime être emmenée dans la fiction et la poésie d’un artiste. L’enjeu est toujours de jouer avec le face à face public/spectateur, s’y enfoncer pour aller un peu plus en profondeur, au delà des apparences, dans le domaine du sentir.
À vos yeux, quel rôle doit avoir un artiste dans la société aujourd’hui ?
Je crois qu’il existe des artistes dans tous les domaines, pas seulement dans celui de l’art. Les artistes sont des personnes qui cultivent des espaces de liberté, de création, de poésie, de fiction et on a besoin d’eux ! L’art n’est pas le seul domaine où la création a lieu mais il en fait partie. Personnellement, je réfléchis de plus en plus à comment cultiver un art de vivre. Je me pose plus qu’avant la question de comment faire les choses, de la qualité de mon investissement. Résister au monde comme on nous le propose aujourd’hui c’est je crois cultiver un rapport qualitatif et sensible avec soi-même et avec ce qui nous entoure.